Rouler en duo
Conduite coulée, passager heureux
Par Jeff Copin - Moto Magazine n°219
Rouler en duo n’est pas aussi anodin qu’il n’y paraît. Cela implique des réactions spécifiques qui s’affinent avec l’expérience, que cela soit pour tenir le guidon ou garder une bonne assiette.
Même s’il s’agit d’une évidence, mieux vaut rappeler que la moto change radicalement de comportement selon qu’elle transporte une ou deux personnes. Le conducteur doit donc adapter sa conduite et bien informer un passager qui n’aurait pas l’habitude des deux-roues.
Attitude du pilote Le conducteur doit tenir compte de l’allongement des distances de freinage, de la tenue de route modifiée (garde au sol et adhérence réduites, inertie supérieure en virage...) et de l’état de la mécanique (pression des pneus, réglage des suspensions ). Ensuite, la première attention consiste à respecter l’éventuelle appréhension ressentie par l’occupant(e) de la place arrière, comme le confie Marie : « Lors de ma première sortie, j’étais crispée car j’avais peur de faire un faux mouvement qui aurait pu nous déséquilibrer. Mais le pilote a très bien réagi en conduisant tranquillement et calmement, ce qui m’a inspiré confiance en quelques kilomètres ! » Une conduite apaisée est bien la meilleure façon d’éviter les mouvements inadaptés du (de la) passager(e), qui peuvent déstabiliser dangereusement l’équipage. Le passager qui se relève en virage reste en effet un classique de l’épouvante qui se traduit par un sous-virage aussi soudain que violent... Pour autant, un passager expérimenté peut quand même se faire surprendre par un style de conduite trop heurté, voire agressif. Chantal fulmine : « Je n’aime pas sortir en groupe car il y a une sorte d’émulation entre les participants qui rend la conduite heurtée et ne permet pas toujours d’anticiper. » En outre, une conduite sportive fatigue davantage les passagers : « J’aime bien rouler rapidement mais cela fait mal aux cervicales et aux bras, je dois demander des arrêts plus fréquents. En fait, je préfère maintenant quand nous roulons plus cool, en prime nous apprécions davantage les paysages ! », s’amuse Valérie.
Second role déterminant Moins actif, le passager est plus rapidement sensible à la fatigue, au froid et aux courbatures. L’instauration d’un « code de convivialité » avant le départ lui permettra de solliciter un arrêt d’un simple signal. La complicité est l’élément fondateur de la conduite efficace en duo, car le passager ne joue en rien le rôle d’un sac de sable ! Il doit pouvoir anticiper chaque freinage pour ne pas heurter l’arrière du casque du conducteur, décrypter la route pour mieux encaisser les chaos, résister aux accélérations, le tout en gardant sa place assez près du pilote pour ne pas souffrir de turbulences et de courants d’air. Sur certaines machines hypersportives, la forme exiguë des repose-pieds, souvent placés très hauts et près de l’échappement, ne facilite pas les choses ! Sur ce genre d’engin, la position mains en appui sur le réservoir semble être d’ailleurs la seule solution pour résister à l’inconfort plus de cinq minutes...
Au moment de monter en selle, il s’agit aussi de ne pas déséquilibrer le conducteur en s’appuyant sur la moto ou en s’accrochant dans les bagages. Il convient donc de bien lever la jambe ou de prendre appui sur le repose-pied avec précaution. Rappelons enfin que selon le Code de la route, le passager doit se tenir à califourchon (pas en amazone), sur une machine équipée d’une selle biplace avec dispositif de maintien (sangle ou poignée) et de repose-pied dédiés. Bien entendu, l’équipement requis est le même que pour le conducteur : casque, gants et chaussures adaptées, blouson et pantalon ajustés (les vêtements ou écharpes qui flottent au vent sont à proscrire).